HEU-REUX !
Je reviens de la magnifique soirée organisée à la bodega du club avec les joueurs, les supporters et les encadrants du millier de gamins benjamins et poussins qui nous font l'honneur de venir disputer le 26ème Tournoi Jacques Chagnaud en ce dimanche de Toussaint. Alors disons que pour une soirée Halloween, elle était nettement plus win qu'à l'eau... Une belle fête en clôture d'une soirée de rugby qui a rempli de plaisir les amateurs de matchs au cours desquels David sort ses tripes pour faire chuter Goliath.
Un petit bémol pour démarrer, l'absence de bonus offensif obtenu par les Espoirs dans un joli match de lever de rideau où, bien emmenés par leur Maréchal expérimenté (plus fort qu'un simple capitaine), les Jawad, Steven, Max ou autres ont pointé le bout de leur nez et commencent à frapper fort au portillon des matchs de l'équipe fanion.
Pourtant, après deux courtes défaites sans bonus défensif bien que fort honorables à Bourk et à Tarbes, et malgré deux bonus offensifs à domicile, que n'avait-on pas entendu comme commentaires de mauvais augure quant au potentiel massicois. Alors certes, les Massicois avaient souffert le précédent week-end à Tarbes lorsque leur quatrième pilier "titulaire" s'est retrouvé rapidement sur le flanc et qu'une première ligne de "collégiens" devait faire face à la détermination du TPR. Mais les connaisseurs avertis de la mêlée n'avaient pas manqué de relever que la domination bigourdine dans l'exercice avait été essentiellement due aux trucages des expérimentés Tarbais qui ont réussi à bluffer un arbitre qui n'a guère présenté d'expertise et de lucidité en la matière (pour refuser par principe toute hypothèse de manque d'impartialité). A 15 contre 15, les jeunes massicois n'avaient d'ailleurs pas été sanctionnés et avaient même obtenu alors deux coups de sifflet en leur faveur. Bon, on n'en voudra pas trop pour autant à Dadou ni à son coéquipier, car à Massy, on ne brûle pas ceux que l'on a adorés ! Et pour ceux qui douteraient de l'analyse, avouons-le pas si visible immédiatement lors du visionnage en direct, il reste le replay de l'Equipe 21 pour constater par eux-mêmes ce qu'il en avait été.
Mais trêve de rumination, on en avait lu et entendu des critiques cette semaine sur le manque de moyens budgétaires qui allait nous empêcher de nous armer suffisamment afin de tenir notre objectif de remontée en ProD2 cette saison. Rien de nouveau, on avait entendu les mêmes l'an passé avant le match de barrage victorieux contre Nevers. Comme si c'était un manque d'ambition ou comme si la présence de seulement 13 joueurs de plus de 25 ans parmi un groupe fanion de 40, nous condamnait par avance à devoir subir la loi des clubs alignant des groupes plus chevronnés. Les jeunes, les Espoirs, c'est bien, tout le monde est content, c'est une magnifique vitrine pour le RCME, mais soyons sérieux, quand il s'agit de matchs clé, sortons les trentenaires rompus aux matchs serrés disputés au plus haut niveau, dans des clubs du top14, voire provenant de contrées plus exotiques. Alors sans penser qu'une victoire de l'automne fera inévitablement l'alouette du printemps, n'est-il pas désormais temps de comprendre que les joueurs en devenir du RCME ne sont pas dans le groupe titulaire par défaut mais tout simplement parce qu'ils en ont déjà le niveau ? Allez, cette nuit je me sens en mesure de tenter une petite revue d'effectif (toute empreinte bien sûr de ma seule subjectivité), avec un focus particulier sur ceux dont je connais mieux les exigences du poste.
Après des sorties précédentes déjà fort convaincantes avant le match de ce soir, où il a ajouté à sa très forte implication défensive, au soutien et dans le jeu courant, des avancées significatives en mêlée, qui pense encore que notre pilier gauche de 21 ans, Antoine Abraham n'est là que pour doter le club du nombre adéquat de licences blanches ? Bravo Antoine, tu as prouvé ce soir de façon éclatante que tu étais d'ores et déjà une valeur sûre (il n'y a vraiment que sur ta prestation de rock and roll lors de la soirée que j'ai pu voir encore les quelques progrès qu'il te reste à faire).
La belle révélation de la partie, si tant est qu'il en ait été besoin, cela a été le match énorme sorti pendant 80 minutes par notre droitier de 23 ans, Luigi Stragiotti, arrivé de Biterre à l'intersaison. Un match entier à avancer alors que le moral en avait certainement pris un coup samedi passé lors d'un carton et d'un essai de pénalité immérités. Face au tonnage adverse et à des séquences relevées, nul doute que les voyants étaient déjà au rouge au bout d'une demi-heure. Mais il était dit ce soir que la détermination des Bleu et Noir serait admirable et Luigi a fait mieux que seulement s'accrocher du début à la fin. Il a pris l'ascendant et ne l'a jamais relâché. Et il n'est pas insensé de penser que cette sortie de notre gaillard de 130 et quelques kilos puisse être celle qui lui donnera la conviction nécessaire pour nous resservir à chaque fois ce superbe niveau d'engagement puisé dans un mental qu'on découvre apparemment à toute épreuve. Chapeau bas Luigi pour ton match.
Même s'il a pour le moment obtenu moins de temps de jeu, et donc eu moins facilement l'occasion de montrer son savoir-faire, notre gaucher de 20 ans, Antoine Soave, a fait lui aussi une rentrée dominatrice très convaincante. Fragilisés en mêlée les Massicois ? T'as vu jouer cela où ? En fait, cela va devenir compliqué pour Benoît Larousse, l'entraîneur des avants de faire son choix quand les blessés réintégreront peu à peu le groupe. Après une avalanche de mal, il devra faire avec une abondance de bien, ce qui c'est bien connu ne nuit pas.
Au talonnage, à la suite de la partie très engagée de Matt Dobson qui démontre à chaque sortie que son pédigrée n'est pas usurpé, on a pu également admirer la solidité, pas du tout relative, de Youri Delhommel. La justesse du placement, le sens du jeu, la puissance... il a déjà presque tout d'un grand et nous le montre à chaque occasion.
En seconde ligne, fichtre qu'il est grand ce petit Momo Kbaïer. Mais à sa facilité attendue dans le jeu aérien du haut des 212 centimètres, il ajoute une combativité qui en font un vrai lion de l'Atlas. Ce soir il m'a bluffé sur sa capacité à délivrer des plaquages offensifs sans relâche, encore et encore. Et quel contraste entre cette ardeur insatiable et le sourire radieux d'écolier qu'il arborait ensuite près du tunnel des vestiaires alors qu'il demandait après son Papa !
Lucas Cazac, on le connait bien maintenant depuis un an qu'il joue à Massy. On ne va donc pas jouer les étonnés devant son jeu complet de seconde ligne, aussi efficace en touche (face à une défense par bloc des Aixois très bien organisée) qu'au combat au sol tout en restant disponible pour participer à de belles accélérations au large.
Andrew Chauveau, ben comment dire, c'est la poutre. Celle que tu préfères sentir pousser derrière toi plutôt que d'avoir à subir un de ses nettoyages percutants. Cela doit faire du bien en fin de partie pour les joueurs émoussés de pouvoir compter sur son énergie de déménageur.
En troisième ligne, on n'a pas non plus été déçus ! Quelle prestation défensive incessante de Christophe Desassis, capitaine courage, capable de lucidité en toutes circonstances. Quelle puissance de la part d'Andreï Gorcioaia, qui est bien le joueur qu'il nous fallait pour mettre l'équipe dans l'avancée. Quelle débauche d'énergie et quelle rapidité encore de Clément Ancely jusqu'à sa sortie et son remplacement par Jordi Pleindoux, qui porte vraiment mal son patronyme au vu de son permanent niveau d'engagement et de la rudesse d ses interventions.
Avec Greg touché à l'épaule à Tarbes, c'était le retour en titulaire de Benjamin Prier habitué cette saison aux fins de matchs. Retour gagnant avec une partie agrémentée de choix et de gestes justes, ainsi que d'un beau courage dans l'affrontement qui lui a valu un maquillage oculaire digne de cette soirée d'Halloween. Benji nous délivre des parties de plus en plus abouties.
A l'ouverture, chacun peut constater qu'avec Louis Grimoldby, le RCME dispose d'un joueur complet. La tenue du rôle de titulaire après une saison passée dans l'ombre d'un international lui va comme un gant. Belle maîtrise quand il a fallu de 45 mètres en coin sortir Aix du bonus défensif à 5 minutes du terme de la partie. Allez, juste un petit regret, un drop pourtant bien amené et qui aurait du faire mouche. Vincent Mallet, après avoir laissé aux spectateurs tarbais quelques belles image de relance, n'a pas encore trouvé la confiance qui lui permettrait de mieux maîtriser ce qu'il sait parfaitement réaliser. Une pénaltouche non sortie et une pénalité manquée ont été là pour nous rappeler à quel point est difficile ce poste d'ouvreur en matière d'organisation du jeu et de concrétisation au pied.
Au centre, s'ils se sont montrés moins entreprenants en attaque qu'à l'habitude, on ne peut que se féliciter de l'efficacité défensive acharnée de Iese Leota et Baptiste Delage qui avaient fort à faire avec les clients vifs et puissants du camp d'en face. Antoine Ratinaud est venu apporter sa contribution parfaitement maîtrisée à ce beau travail d'ensemble.
Aux ailes, c'était moins la fête que d'habitude, mais rien d'anormal puisque tout le monde a pu voir que les Bleu et Noir avaient décidé de martyriser leurs adversaires d'un soir au près grâce à des cocottes remarquablement bien menées. Pour autant, Aubin Mendes, qui est passé demi-de-mêlée sans coup férir en fin de match et Lester Etien, ne se sont pas contentés d'attendre les ballons sur leurs ailes. A défaut de points marqués, ceux de suture avec lesquels Lester est revenu sur le terrain, démontraient bien qu'il avait fait front avec vaillance aux déboulés adverses.
Quant à l'arrière, eh bien après une belle orgie de relances en Bigorre la semaine dernière, Benjamin Dumas a présenté une belle maîtrise du poste. Thomas Girard s'est fondu avec bonheur dans le collectif lors de sa rentrée.
Voilà, il me reste à vous avouer un truc. Quand les mecs mouillent à ce point ce maillot qu'on chérit tant, quand ils s'envoient plus haut que jamais, quand ils sont aussi solidaires que lors de ce match, qu'ils régalent le public tout au long de la partie, eh bien cela me fait tellement plaisir que même après avoir quitté la bodega pour un juste repos bien mérité, j'ai envie d'écrire un petit post pour les remercier du bonheur qu'il nous ont procuré.
ALLEZ MASSY !