Ça y est !!! Voilà j’y suis !!! Putain le stress, je dois faire un message intéressant.
J’ai pourtant fait tout ce que je pouvais pour repousser ce moment. J’ai trainé au maximum à la buvette et après au club house. J’ai redouté le moment où Jean-René, le responsable de la réception au stade, allait me dire « Bon faudrait y aller maintenant !!! Je voudrais bien fermer ! ». Quand il a commencé à me regarder de travers, j’ai su que j’allais bientôt devoir faire face.
Y avait plus que ma bagnole sur le parking, j’ai même pas pu perdre de temps à la chercher. J’ai fais le retour en 1 ère, mais même à cette vitesse là, je suis arrivé devant ma baraque. J’avais qu’une idée en tête : L’échéance approche….. Ensuite, avant de glisser cette saloperie de clef dans la serrure, j’ai fait 3 fois le tour du quartier à pince…. Un équipage de la BAC en tournée, a commencé à me suivre de loin, en se demandant si ce mec qui rodait seul la nuit dans la rue, préparait pas un mauvais coup. Impossible de gagner plus de temps. Va expliquer à des flics que tu as peur de te retrouver tout seul devant ton clavier d’ordi.
Donc m’y voilà. Fallait bien que ça arrive.
Depuis le milieu de l’après midi j’ai un pavé autobloquant dans l’estomac. Je suis comme ce con de Milou dans Tintin, d’un coté un ange blanc qui me dit : « Non, le fait pas, c’est pas bien, tu vas faire de la peine à ceux qui aiment pas », et de l’autre coté un diable rouge qui me dit « Allez vas y, c’est trop bonnard, on s’en tape de ceux à qui ça met les nerfs ».
Le clavier est là devant moi, ses touches noires me provoquent. J’ai envie de les faire sauter en faisant levier avec un gros tournevis.
Quoique je fasse, je sais que le remord va me tirer par le maillot.
‘’Le remord’’. Qu’est ce que c’est que ce mot ? Plus personne l’utilise depuis Giscard et son orchestre à l’Elysée. Aujourd’hui on dit culpabilité, c’est plus moderne….
‘’Le remord’’ n’importe quoi !
‘’Le remord’’ ??? Ah oui j’y suis, c’était Madame LAVERGNE mon institutrice de quand j’étais petit qui nous parlait de remord dans ses leçons de morale, juste avant la dictée qui me faisait si peur.
Tiens ça c’est une idée, même si elle n’existe plus que dans mon souvenir, je vais demander à Madame LAVERGNE ce que je dois faire. Elle savait tout, surtout question morale.
- M’dam M’dam, je le mets le message ou pas ?
- T’es assez grand aujourd’hui pour savoir ce que tu dois faire. Mais si tu t’es engagé à le faire, même avec toi-même, alors fais-le.
-Bon d’accord, merci M’dam
-Par contre, tant que je te tiens, je voudrais que tu fasses attention à ton orthographe, parce que j’ai remarqué que souvent ça ne va pas du tout.
-J’vais faire attention M’dam
- Vaudrait mieux ! Et n’oublie pas que le participe passé avec ‘’avoir’’ ne s’accorde que si le complément d’objet direct est placé avant l’auxiliaire. Combien de fois je te l’ai répété ?
-Souvent M’dam ! Mais maintenant j’vais y penser M’dam
- Et puis j’ai vu aussi que tu dis beaucoup de gros mots. C’est pas beau pour un gentil garçon comme toi.
-Mais M’dam c’est parce qu’aujourd’hui ….
-Teu teu teu teu !!! Y a pas d’aujourd’hui qui tienne. Un gros mot c’est pas joli. Tu crois que Mireille MATHIEU elle en dit des gros mots elle ?
-Non M’dam, pas Mireille MATHIEU
-Alors tu vois !
-Pardon M’dam ! J’le f’rai plus !
Fallait pas rigoler avec Madame LAVERGNE.
Alors voilà, j’y vais, puisque c’est mon instit de quand j’étais petit qui me le dit, je peux le taper ce con de commentaire sur le match. Heu pardon ! Ce satané commentaire sur le match. En plus y a pas de gros mot dedans, elle et Mireille MATHIEU vont être contentes.
J’ai le trac !!! Allez zou je me lance !!!
- BON BEN VOILA !!!! ÇA C’EST FAIT ….
Si vous croyez que j’ai une vie facile ….