Même si ça tient plus de l'aimable plaisanterie qu'autre chose, ça a le mérite de poser une question qui a son importance...Comment parler de la pratique au néophyte, au non-initié, à celui qui se retrouve parachuté au coeur de la pratique par amour, amitié, concours de circonstance ?
Parce qu'a bien y réfléchir, si le Rugby manifeste à l'occasion des envies d'universalisme; force est de constater qu'il n'est pas toujours évident pour le quidam d'en décrypter les codes. Par extension ça en limite la portée.... Est-ce le jeu en lui-mm qui veut ça ? Certainement un peu mais pas que ! Je pense que tout le folklore qui va autour n'aide pas non-plus à une juste compréhension. Je ne dis pas que tout est à jeter loin s'en faut et notamment le caractère festif plutôt qu'exutoire tel qu'on le trouve parfois au Football par exemple (té, premier réflexe "conditionné", je me mets en opposition avec le ballon rond !). Mais je pense malgré tout que nombre d'us & coutumes de notre pratique empruntent plus aux codes de qq société secrète qu'à une farouche volonté de s'ouvrir au plus grand nombre. Peut-être même, aime t-on en jouer plus que de raison ??? Bref, un jeu par essence difficile à comprendre + un certain nombre de clichés qu'on se plait à entretenir = Pas facile pour celui qu'y en est pas de comprendre le sens profond...
Pour ce qui est du jeu, mon beau-frère qui est footeux (a pratiqué à un sèrieux niveau, son rejeton est aujourd'hui payé pour ça) me disait : " Celui qui comprend bien le Foot c'est celui qui est capable d'expliquer la rêgle du hors-jeu en deux phrases" !!! (pas si évident que ça à faire pour ce qui est du foot, essayez...Mais alors pour ce qui est du Rugby, bon courage...). Le Foot s'appuie sur 17 lois de jeu codifiées originellement à la fin du XIXéme et à peine amendées à la marge depuis. Nous c'est à peut prêt Bible, Torah et Coran réunis avec son traditionnel apport annuel de changements. Après une dizaine de minutes d'explications, tu pourrais sans pblm aucun faire jouer un match de Football à des équipes contemporaines sous l'égide de rêgles en vogue en 1903. Je ne crois pas que la chose serait possible en Rugby tant les choses sont en perpétuelle mutation et que le jeu d'aujourd'hui n'a qu'un lointain rapport avec celui d'hier. Bref, c'est vrai, notre jeu est difficile à comprendre (l'aspect positif c'est que le temps d'apprentissage étant long voire perpétuel, ça prolonge le temps de l'humilité !!!).
Bon, le jeu c'est une chose, passons à : " Comment on le raconte ?" qui se transforme parfois en : " Comment ON se la raconte ?". Perso, il n'y a rien qui m'agace plus que le Rugbyman qui joue au Rugbyman devant un auditoire de néophytes (qu'il s'imagine le plus souvent conquis!). Vas-y qu'ça joue les virils, vas-y qu'ça joue les fiers-a-bras, parfois (souvent) les forts en gueules. L'apothéose étant quand le mec te sert, le digestif aidant : " Le Dimanche à 15 heures" à grds-coups de " Toi qui n'a pas joué comment peux-tu comprendre ?" !!! Généralement tout y passe, la clavicule, le nez, la bagaaaaarre, le c-l à la f'nètre, la cuite du lundi matin, la branlée qu'on a mis aux rouges qu'on aime pas depuis tjrs pk ils sont les rouges, le fait qu'il courait le 100m en 11s il y a 20 ans (qui en vrai s'est déjà fait chronométrer???) ou qu'il découanait alors tout ce qui bougeait( bizzarement pas grd-monde qui s'en souvient)...Faut l'avouer, parfois on aime bien jouer à ce petit jeu d'attirance/répulsion parce que s'imaginant que ça donne un caractère éminemment sympathique à la pratique...Par conséquence, pas de quoi s'étonner que ça puisse engendrer attirance mais aussi parfois répulsion ! Assez souvent, c'est une réaction un peu hybride entre les deux. " Y sont sympas ces Rugbymen" avec un mélange d'affection mais aussi d'incompréhension mâtinée de sarcasme.
C'est bien que le pratiquant perpétue un certain nombre de traditions voire se comporte un peu parfois comme un gardien du temple. Mais un certain nombre de lieux communs, de raccourcis très (trop ?) souvent présentés comme l'alpha et l'oméga de la pratique peuvent parfois s'avérer handicapants pour l'essor de notre sport. J'en veux pour preuve que le Rugby n'a pas forcément su amalgamer l'apport massif de néo-pratiquants post CDM 2007. On n'a pas su profiter de l'aubaine de ce qui tint alors de l'effet de mode ! Pour exemple, le néo-éducateur en EDR père de joueur qui n'a pas pratiqué le ballon ovale a qui on a voulu faire porter tout ce qui ne marchait pas jusqu'à l'équipe de France...Comme si un mec qui a pratiqué l'athlé ne pouvait pas contribuer à apprendre à courir ? Un mec qui a pratiqué le Judo à appréhender le passage au sol ? Un footablleur comment se servir de ses pieds ? Beaucoup sont repartis parce que pas toujours considérés à l'aune exclusive de leur seul engagement comme ils étaient venus...Amenant leur progéniture avec eux par la mm occasion. Après, faut pas s'étonner que le Rugby a subi une baisse constante de son nombre de licenciés depuis ce qui tînt de l'heureuse parenthèse !
Bref, on ne peut pas en mm temps brandir à chaque fois que l'occasion se présente nos "spécificités" comme étant intouchables, inaliénables et l'objet d'aucune concession et en même temps espérer réunir bien au-delà du seul public des initiés. Faut aussi qu'on fasse parfois notre travail d'explication pour celui/celle qui ne s'y interresse que de loin...
Allez, pour répondre à ces questions, j'ai envie de partager deux citations émanant d'Ovalie...
1/ « Le rugby doit d'abord rester l'art de bien passer sa jeunesse. » A. Alvarez.
2/ « Le rugby permet aux enfants de devenir adultes et aux adultes de rester des enfants. » J-P Rives.
En ces deux phrases on tient 90% des raisons pour lesquelles on y va.