Moi, à la base, le projet Genève ne me gênait pas, puisque de ce que j’en savais, c’était juste que je pouvais lire à droite à gauche. Je pensais que c’était une histoire d’absence de rugby en Suisse et que du coup, en tant que frontalier, Genève souhaitait jouer en France tout en développant le rugby Suisse.
Et vu de chez nous, je peux vous dire qu’on l’a développé à vitesse grand V le rugby genevois.
Parce que quand, en espoirs on a su qu’on tombait sur eux en quart de finale, on a naïvement demandé au Servette de jouer ce match le samedi vu que notre équipe première et leur équipe première jouaient toutes les deux à domicile le dimanche, leur huitième retour de fédérale 1. On pensait que ça arrangerait tout le monde… Impossible, qu’ils ont répondu. En rajoutant qu’en Suisse le rugby est la dernière roue du carrosse, que tout le monde s’en fout et que de nombreux joueurs de leur équipe espoirs travaillent le samedi et qu’il est donc impossible qu’ils soient libérés pour un match par leurs employeurs, vu que le rugby, ici, tout le monde s’en fout. Et à la limite, ça peut s’entendre et se comprendre, même si on sait très bien qu’en fouillant un peu sur le calendrier des phases de poules, il leur ait arrivé de jouer le samedi. Les espoirs ont donc joué le dimanche à la même heure que les équipes premières et c’était quand même bien dommage. Passons.
Quand on a joué notre quart de finale aller de fédérale 1 chez eux, on l’a joué sur un stade très champêtre, sans tribune, parce que le stade du Servette n’était pas disponible et vu que le rugby est toujours le dernier servi, y a avait pas moyen de négocier quoi que ce soit… « vous savez ici, le rugby, tout le monde s’en fout….. »
Alors quand, après leur qualification et leur montée en nationale 2, leur président explique à la télé que Genève est une terre de rugby, j’ai un peu envie de rigoler et attend toujours de voir, depuis le temps qu’on en parle, cette équipe aligner une majorité de Suisses en équipe 1, ce qui est loin d’être le cas.
C’est pour ça que je dis qu’on a participé à leur développement à vitesse grand V. Eux qui sont passés de : tout le monde se fout du rugby en Suisse, à : « Genève est une terre de rugby », en moins de trois semaines. Chapeau !
On peut bien me parler de projet de territoire, de projet de jeu, de développement. Je veux bien admettre (parce que c’est vrai) que leur école de rugby fonctionne très bien, que leurs cadets et juniors ne sont pas ridicules au niveau national. Je veux bien admettre aussi que leur équipe espoirs a fait une très belle saison. Mais par contre, qu’ils ne fassent pas croire à tous ces jeunes qu’un jour ils joueront en équipe Une, parce que ça n’arrivera quasiment jamais. Et c’est là qu’est un peu le problème.