Il y a des soirs de matchs où le bonheur que nous ont procuré nos jeunes joueurs, par l'enthousiasme qu'ils dégagent quelle qu'ait été la teneur de la partie, me rend la plume lyrique une fois rentré chez moi avec des étoiles plein les yeux. Et il en est d'autres où le spectacle a été si épatant que je préfère profiter de mon temps libre et de la douceur de la nuit pour revisionner le match. C'était le cas ce weekend puisque j'ai fait le choix hier soir de quitter vers 23h une troisième mi-temps qui s'annonçait mémorable afin que ma fille puisse profiter d'un temps de sommeil raisonnable. Terrible dilemne qui m'a tiraillé une bonne partie de la semaine. Allais-je égoïstement savourer les réjouissances Bleu et Noir jusqu'au bout de la nuit en abandonnant femme et enfant ou bien allais-je permettre à ma benjamine de défiler avant match avec ses coéquipiers et de se régaler elle aussi d'une partie qui s'annonçait plus que jamais enfiévrée au prix d'un retour moins tardif vers nos pénates ? Il a fallu que je fasse appel à mes souvenirs d'il y a "quelques" années, quand j'étais moi aussi benjamin de notre école de rugby et que je pouvais admirer nos héros de l'époque grâce à la complaisance de mes parents, pour décider que je ne pouvais pas la priver de ces moments qui restent parfois profondément gravés dans nos mémoires d'enfant. Il ne me restait plus qu'à essayer d'oublier tant soit peu la montre pour jouer quelques prolongations. Mais dans un club où se côtoient tant d'éducateurs et d'enseignants en éducation physique, tu es toujours rattrapé par le réel. Alors que j'essayais de grappiller encore quelques derniers instants de communion avec les amis, a surgi son prof d'EPS du collège, qui lui a malicieusement demandé en fronçant les sourcils "Qu'est-ce que tu fais encore debout à cette heure-là ?" (bravo Ivan). Bref, je suis rentré assez tôt pour regarder le match en replay. Et j'ai remis cela ce soir et, pour la troisième fois en 24h, le RCME n'a pas eu besoin de recoller à ces Basques pour les devancer au planchot. Eh bien le bilan entre les deux clubs est désormais équilibré : 3 victoires et 3 défaites pour chacun !
Quel plaisir nous ont procuré ces Bleu et Noir qui pouvaient enfin lâcher les chevaux à domicile en n'étant plus tenaillés par la hantise d'une troisième relégation. Quel régal ! Quand on pense que les joueurs du BO étaient venus sur-motivés avec leur meilleure équipe possible pour obtenir un résultat qui leur aurait permis d'espérer un barrage à domicile... On a eu droit à tout dans cette partie, de loin la plus aboutie de la saison puisque les Massicois ont réussi à jouer tous les bouts de la partition qu'ils ont travaillée match après match tout au long des 28 échéances précédentes. Jeu débridé, relances et passes après contact ou dans le dos de la défense, bonne mêlée, touche dominatrice, groupés (très) pénétrants du meilleur aloi, plaquages offensifs et défense rapidement redistribuée, discipline dans les rucks, contre-rucks et grattages gagnants, précision aux tirs au but, jeu au pied d'occupation de bonne et parfois très bonne longueur, capacité à cacher le ballon et à temporiser à la fin de chaque mi-temps... La totale quoi. Et comme les Biarrots ne manquaient ni d'arguments (à commencer par notre ancien joueur Adriu Delaï qui a délivré une très belle partie) ni d'envie, on a eu droit à un spectacle du plus bel effet, loin de certaines joutes amicales des fins de saison sans enjeu où les joueurs font mumuse avec la baballe. Et que c'est chouette un stade agrandi où on joue à guichet fermé.
Le Ladoumègue (Jules pour les intimes de la trempe de Ratoche), avait déjà été lors des précédents exercices de ProD2 le théâtre de victoires sur Aix-en-Provence, Aurillac, Béziers (2 fois), Bourgoin, Carcassonne (2 fois), Colomiers, Dax, Mont-de-Marsan, Narbonne (2 fois), Pau et Tarbes. On aura pu y assister cette saison aux succès des Bleu et Noir sur Carcassonne (pour la 3ème fois), Narbonne (pour la 3ème fois), Dax (pour la 2ème fois), Colomiers (pour la 2ème fois), Mont-de-Marsan (pour la 2ème fois), Aurillac (pour la 2ème fois), auxquels s'ajoutent dorénavant Vannes, Grenoble, Nevers, Angoulême, Perpignan et Biarritz. Joli tableau de chasse pour notre encore jeune club. Avec 6 victoires lors de la première apparition en ProD2, 8 lors de la seconde, on peut constater le chemin parcouru pour décrocher 13 succès cette saison (dont une première à Carcassonne en déplacement, assortie du bonus offensif)... en attendant le dernier match dimanche à Colomiers.
Me vient en tête un dicton basque. Je le dédie à nos quelques supporters si acharnés qu'ils ont pu par moments douter quand l'objectif du maintien paraissait s'éloigner et exprimer parfois du découragement devant la hauteur de la montagne à gravir au point de ne plus savourer le bonheur de jouer dans l'antichambre de l'élite avec les moyens qui sont les nôtres : "Ne te plains pas de l'année jusqu'à ce qu'elle soit écoulée".
Merci pour ces moments de plaisir à tous les acteurs du club, mais avant tout aux 42 joueurs de la saison : Antoine(s), Karim, Sylvain, Sofiane, Youri, Thomas, Rhys, Louis, James, Ilia, Nicolas, Matthew, Loïc, Pierre-Henry, Lucas, John, Andrew, Christophe, Clément, Jordi, Jimilaï, Andreï, Steven, Jotham, Benjamin, Luix, Quentin, Sam, Louis, Vincent, Antoine, Julien, Geoffrey, Baptiste, Lester, Iese, Sasa, Aubin, Benjamin, Maëlan et Thomas, ainsi qu'au staff. Alors bien sûr on est impatient de savoir quels sont les huit Espoirs qui vont être la saison prochaine intégrés au groupe (chiffre annoncé lors du discours d'après-match), ainsi que de découvrir les recrues qui viendront renforcer le collectif. Mais comment ne pas avoir comme chaque année le cœur gros à l'idée qu'on ne reverra plus les prouesses de ceux qui nous ont enflammés tout au long de la saison et qui arrêtent le rugby ou vont voguer vers de nouveaux horizons. Une pensée toute particulière pour Thomas, Antoine, Lester, Iese et Clément qui auront marqué le club de leurs empreintes, sans oublier évidemment tous les autres. On n'est pas près de les oublier et on sait bien que dans leurs cœurs vivra la maxime " Massicois un jour, Bleu et Noir toujours". Que le meilleur les attende. On leur souhaite plein succès pour la suite.
Dernière modification par Massy-pas les autres... (08/04/2018 01:50:30)