Depuis samedi je fais partie des milliers de supporters tristes et consternés. Ce qui me peine le plus, reste l’apathie générale, le manque d’envie, même si j’ose espérer que porter le maillot de l’équipe de France vous amène à vous sublimer. A lire certains articles, j’en arrive à me poser la question. La faute à qui ? Je n’en sais rien et je ne me sens aucune légitimité pour accuser les uns et les autres. Du coup, je lis, j’écoute, j’essaie de résumer la pensée des uns et des autres, j’essaie d’imaginer une solution.
J’en reviens quelques années auparavant quand Mr Jacques FOURROUX avait imaginé un championnat des provinces. Qu’est ce qu’il a été moqué à l’époque ! Qu’est ce que je me suis dit « mais de quoi il parle lui ! il est fou ! un championnat des provinces avec la culture club tellement ancrée dans nos mœurs !
Aujourd’hui je ne serais certes pas aussi péremptoire. Et je conçois cette idée qui me paraissait tellement farfelue.
Un championnat des provinces, sans montée et descente, un championnat fermé : plus de calculs, la possibilité de jouer les coups à fonds, sans arrière pensée plus ou moins mercantile. Je crois que les enjeux financiers aujourd’hui paralysent la liberté de jouer, le « french flair », le « jouer pour gagner », privilégiant le « jouer pour ne pas perdre ».
10 provinces, 18 matches de championnat, la province terminant 1ère à la fin des matches de classement étant déclarée championne de France. Les meilleures sont qualifiées pour la « grande coupe d’Europe », (nombre à déterminer) le reste pour la petite coupe d’Europe. Le nombre de matches maximum reste élevé, notamment pour les internationaux : 18 de championnat, 6 matches de poule de coupe d’Europe auxquels il faudra ajouter les matches éliminatoires (3 de plus), 11 matches internationaux (3 pour la tournée de printemps, 3 pour celle d’automne, 5 pour le tournoi des 6 nations). Cela ferait 38 matches pour un international qui jouerait tous les matches.
Ce championnat, cette coupe, trouvons la bonne appellation, regrouperait tous les joueurs professionnels (disons 35 – 40 par équipe soit 350 - 400). En évitant, si possible de recruter à l’étranger. Mais comme les enjeux de descente (donc financiers) seraient inexistants, les Présidents des ces provinces seraient plus enclins à faire jouer et à lancer des jeunes français.
Le financement : c’est certainement la partie la plus compliquée : comment convaincre Mrs BOUDJELAL, ALTRAD, LORENZETTI, FABRE, MICHELIN, TOTAL, etc… de financer une équipe de province et non plus un club, une ville. Les droits télé : si ce championnat est plus attractif, la négociation pourrait se faire au même niveau qu’aujourd’hui. La billetterie : L’idée serait de faire jouer les matches non pas dans un stade attitrée, mais de tourner tous les week ends : par exemple si une équipe Nouvelle Aquitaine est créée il faudra jouer un dimanche à PAU, à AGEN, à LA ROCHELLE, à BORDEAUX, à BAYONNE-BIARRITZ, etc...Il n’y a plus d’identification à une équipe, mais les spectateurs viennent voir un spectacle. Et si ce dernier est au rendez vous, l’on peut espérer remplir les tribunes. Ces matches se joueraient le vendredi et/ou le samedi.
Par contre, il faut conserver ce qui a construit la culture du rugby français, le club. En parallèle, il faudrait organiser un championnat des clubs, plus ouvert qu’aujourd’hui, sans tomber dans l’abus des championnats à 64 équipes (8 poules de 8) que j’ai connus dans ma jeunesse.
J’ai imaginé une organisation pyramidale avec une 1ère division à 40 clubs. 4 poules de 10, 18 matches, 4 qualifiés par poules ; phases éliminatoires : 1/8ème, ¼, demies, finale. Les deux derniers de chaque poule descendent et sont remplacés par les ¼ de finaliste de 2ème division.
La deuxième division serait composée de 80 clubs, montées et descentes sur le même principe que précédemment.
La troisième serait constituée de 160 clubs.
Evidemment, plusieurs questions vont faire l’objet de débats sans doute passionnés :
- Les budgets des équipes régionales : quel support ? quel statut ? quelles participations de la Fédé et de la Ligue (importantes au début pour amorcer le projet)
- Le statut des clubs et par conséquence des joueurs : pour la 1ère division, une partie des sponsors devraient glisser vers les équipes de région, les budgets des clubs redescendre. Par contre, la réalité économique est de 1100 professionnels environ aujourd’hui. Cela veut dire que, dans le meilleur des cas il en resterait 700 à reclasser, dans des conditions certainement beaucoup moins avantageuses qu’aujourd’hui. Là des calculs seront à faire. Est-ce que ce championnat serait retransmis par les télévisions ? Et à quel niveau se négocieraient les droits télé ?
- A partir de la deuxième division, statut amateur.
Utopie ? Peut être…Mais ma tristesse m’a poussé à la réflexion. Je vous la livre.